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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/57

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ne pas me rendormir sur cette résolution, pour ne pas l’oublier. Je mis les culottes d’un philosophe, voire d’un philosophe payen, et me voilà philosophe pour la vie.

Soyez assurés, messieurs, que c’est la seule inscription et le seul grade que j’aie jamais pris dans cette noble science, et cela suffit, en vérité. Les difficultés que nous craignons dans un pareil essai, sont (plus que celles que nous y trouvons) la cause qui empêche la philosophie et la vertu d’être communément recherchées.

Je suis, en général, gai, et ma gaieté est plus remarquable quand j’ai des maux et des infortunes, pourvu qu’elles me soient propres, que dans tout autre temps de ma vie. On s’empresse alors autour de mon grabat, non pas pour pleurer, mais pour rire à mes peines, pour m’ouïr plaisanter à la question, pour me voir rafiner mon être dans les tourmens.

Un de mes amis, croyant un jour que j’allois succomber aux accès d’une colique bilieuse, me parut fort étonné de la gaieté avec laquelle j’allois sortir de ce monde. Voici ma réponse :

Les chrétiens indolens se persuadent trop l’efficacité du repentir qu’un mourant peut témoigner à son lit de mort ; je n’y ai jamais