Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tour immédiatement après sa condamnation ! Mon père !..... oh mon père !.....

Le titre seul d’un livre perdu depuis bien long-temps, m’a donné quelques heures de mélancolie : lamentatio gloriosi regis Eduardi de Kernavan, quam edidit tempore suae incarcerationis : Lamentation du glorieux roi Édouard de Kernavan, composée par lui pendant son emprisonnement. Le contraste frappant des troisième et quatrième mots avec le dernier, affecte ma sensibilité. Quoique l’histoire soit vieille, je ne puis m’empêcher d’y réfléchir aussi douloureusement que si j’apprenois quelque fâcheuse nouvelle.

Je crois être le seul à ressentir de pareils effets.

La multitude lit des yeux et écoute des oreilles ; il en est peu qui parcourent un livre ou qui l’écoutent avec leur ame. L’intuition et la sensibilité sont les seuls organes de la vertu et du génie.

Quand je considère la dureté de cœur de la plupart des hommes, je suis tenté d’ajouter foi à la vieille fable de Deucalion, qui les produisit avec des pierres. On peut encore conjecturer que le monde étoit si corrompu jadis, que l’homme-dieu qui vint nous sauver confia à peu d’entre eux la garde de leurs