Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/603

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tous ceux qui voudront chanter : Prenez-y garde ! soyez d’accord ! ne détonnez pas !

C’est pour cela, disoit un jour Yorick à mon oncle Tobie, qu’une foule de viles compositions déshonorent l’esprit humain. Les uns passent à la faveur d’un in-folio ; ce sont les systêmes. Les autres couvertes par un siége..... Ce mot fixa l’attention de mon oncle Tobie ; mais il ne put comprendre l’idée que Yorick y attachoit ; il ne connoissoit pas une douzaine de nos drames, ni la plupart de nos historiens.

Je chante dimanche au concert, me disoit l’autre jour le Virtuose à la mode. Parcourez un peu ma partie. J’en fredonai quelques notes. Fort bien, dis-je, la mélodie en est agréable, et si l’harmonie en est soutenue, cela prendra. Je continuai. Bravo ! m’écriai-je.

J’en vins ensuite à la partie harmonique… et je la trouvai indigne, détestable.

Montagne disoit en pareil cas, qu’il ne se seroit pas époumoné. Cela est clair, et j’en conclus, avec ma sagacité ordinaire, que lorsqu’un nain porte avec soi une toise pour se mesurer, il est nain par plus d’un endroit.

Entendra cela qui pourra, le prendra qui voudra pour lui ; je n’y mets point de fi-