Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/606

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avez-vous lu ? une société aussi savante méritoit des égards.

Et s’il étoit digne de nous être lu, c’est nous manquer également, c’est nous turlupiner que d’en faire cet usage.

Bon ! se disoit tout bas le discoureur en s’applaudissant, le voilà pris dans mon dilemme comme dans une nasse : voyons comme il en sortira.

Yorick baissa modestement les yeux, puis les leva, et puis dit :

Messieurs.....

Il appuya si fortement sur ce mot, que l’on crut qu’il s’étoit préparé à leur faire un discours apologétique : l’attention en fut par conséquent plus tendue.

J’ai fait des efforts incroyables, dit-il, pour composer ce morceau. Je souffrirois plutôt tous les genres de martyrs que de me résoudre à en recommencer un pareil : mes tourmens étoient excessifs. J’en ai cherché la cause et je l’ai trouvée. C’est qu’il partoit de ma tête sans la participation du cœur, et je le déchire sans pitié pour me venger des tortures d’esprit qu’il m’a causées… Prêcher ?… quel mot, messieurs ! ce mot, tel que les prédicateurs d’aujourd’hui ; l’en-