Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce cadavre sans nom, avec la main qui lui restoit, on éclata de rire. Je les crus fous ; mais je revins tout-à-coup à moi-même, et je fus saisi de honte.

En expliquant une autrefois le mystère de la rédemption à un jeune étudiant en droit, je me servis d’une allusion adaptée à ses études : ...... C’est, lui dis-je, la restitution de l’amende imposée sur nos péchés. Il me regarda : ma comparaison fut répétée à mon désavantage, et je passai désormais pour un impie.

Et pourquoi ? parce que je suis, au pis-aller, un plaisant curé. Saint-Patrice, le patron de l’Irlande, fut canonisé, pour avoir illustré la Trinité de la comparaison qu’il en fit avec un trefle. Et pourquoi ? parce qu’il étoit grave.

Si une saillie méritoit la corde, (et cela est possible, puisque tout mal est du ressort des lois criminelles) j’aurois souvent encouru la peine du meurtre involontaire, tant il m’eût été difficile dans la conversation de m’exprimer mieux et plus légalement !

Dites-moi, pourquoi de deux personnes également raisonnables et savantes, il en est une qui est frappée d’une image, tandis que l’autre ne l’est pas ?