Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous donner. Si vous savez peu, je comprends comment vous pouvez être vain. Si vous savez beaucoup, êtes-vous orgueilleux de ce que vous ignorez encore et de ce que vous ignorerez toujours ? dans tous les cas, ne vous écrirez-vous pas, avec le pauvre homme à la coignée, des chapitres 6 et 7 des Rois : Hélas ! hélas ! mon maître, je l’avois empruntée !

Dirai-je la même chose de la beauté ? quels que soient les embellissemens et les parures dont l’orgueil la décore, ils frappent les yeux seuls de la multitude ; et la fausse beauté, dans l’impuissance et le désespoir de réussir par des moyens naturels, se targue de captiver les regards et l’attention par une pompe étrangère.

Mais la vraie beauté est si attrayante, qu’on ne sait comment déclamer contr’elle ; et lorsqu’il arrive qu’une figure céleste, et qu’une taille enchanteresse sont la demeure d’une ame vertueuse, quand la régularité et la douceur des traits caractérisent celle de l’ame, et que ces avantages élèvent les pensées jusques vers l’auteur de la nature, dont la sagesse créa l’harmonie, ah ! qu’il y a de choses à dire, et sur la beauté et sur l’art de la faire ressortir ! quand l’apologie est néanmoins