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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/90

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achevée, il reste enfin que la beauté, comme la vérité, n’est jamais si glorieuse que lorsqu’elle est simple.

Oui, la simplicité est l’amie de la nature ; et si je pouvois être vain de quelque chose dans ce monde vil, ce seroit de cette noble alliance.


L’ÉLOQUENCE DES LIVRES SACRÉS.


Il y a deux sortes d’éloquence : l’une en mérite à peine le nom ; elle consiste en un nombre fixe de périodes arrangées et compassées, et de figures artificielles, brillantées de mots à prétention : cette éloquence éblouit, mais éclaire peu l’entendement. Admirée et affectée par des demi-savans, dont le jugement est aussi faux, que le goût vicié, elle est entièrement étrangère aux écrivains sacrés. Si elle fut toujours estimée être au-dessous des grands hommes de tous les siècles, combien, à plus forte raison, a-t-elle dû paroître indigne de ces écrivains, que l’esprit d’éternelle sagesse animoit dans leurs veilles, et qui devoient atteindre à cette force, cette majesté, cette simplicité, à laquelle l’homme seul n’atteignit jamais ?

L’autre sorte d’éloquence est entièrement