Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ci plus de courbure, — saisissant en même-temps son bonnet sans effort avec le pouce et les deux premiers doigts de la main gauche, ce qui réduisoit insensiblement le diamètre du bonnet, lui faisoit perdre sa rondeur, et l’applatissoit presqu’entièrement, — le caporal satisfit à tout beaucoup mieux que sa posture ne sembloit le promettre. — Et, ayant craché deux fois, pour chercher la clef sur laquelle son histoire iroit le mieux, et plairoit davantage à son maître, — il jeta sur lui un regard de tendresse qui lui fut rendu, et il commença ainsi.


Histoire du roi de Bohême et des sept châteaux.


« Il étoit une fois un certain roi de Bohê. — »

Le mot Bohême n’étoit pas encore tout-à-fait prononcé, que mon oncle Tobie obligea le caporal à faire halte pour un moment. — Le caporal avoit commencé son histoire nue tête, ayant laissé son bonnet par terre depuis qu’il l’avoit ôté à la fin du dernier chapitre. —

L’œil de la bonté épie tout. — Le caporal n’avoit pas achevé les quatre premiers mots de son histoire, que mon oncle Tobie avoit