Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/415

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se rapprocher de la mer sans cesser d’être Bohême ; et la mer d’un autre côté, ne pouvoit arriver à la Bohême sans couvrir une grande partie de l’Allemagne, et noyer des millions de malheureux habitans qui se seroient trouvés sans défense contre un tel déluge. À Dieu ne plaise, s’écria Trim ! — Un tel déluge, ajouta mon oncle Tobie avec bonté, montreroit un tel manque de compassion dans celui qui est notre père commun, que je pense, Trim, qu’il étoit réellement impossible que la Bohême eût des ports de mer. »

Le caporal fit sa révérence en homme intimement convaincu, et continua.

« Or, il arriva que par une belle soirée d’été, le roi de Bohême sortit avec la reine et ses courtisans. — Tu as raison, Trim, dit mon oncle Tobie, de dire qu’il arriva ; car le roi de Bohême, ainsi que la reine, pouvoient également sortir ou rester chez eux. — Et c’est là une matière de futur contingent, qui peut arriver ou ne pas arriver, suivant que le hasard en ordonne. » —

« Le roi Guillaume, dit Trim, avoit là-dessus une opinion particulière. Il pensoit qu’il ne nous arrivoit rien en ce monde qui ne fût arrêté de toute éternité. Aussi, disoit-il