Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/426

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ait mieux que moi, l’amour est comme la guerre. Un soldat ne peut-il pas échapper trois semaines de suite en montant la tranchée dans la nuit du samedi, et cependant être tué le dimanche matin ? — C’est précisément ce qui m’arriva ; avec la seule différence que ce fût le dimanche au soir ; — l’amour me vint tout d’un coup ; il tomba sur moi comme une bombe, sans me donner presque le temps de dire : Dieu me bénisse. » — « Je ne croyois pas, Trim, dit mon oncle Tobie, que l’amour pût venir si brusquement. » —

« Mais, répliqua Trim, quand on y est déjà préparé ! » —

« Je te prie, dit mon oncle Tobie, raconte-moi comment cela t’arriva. » —

« De tout mon cœur, dit le caporal faisant sa révérence.



CHAPITRE LI.

Trim succombe.


» Jusques-là, continua le caporal, j’avois résisté à l’amour ; ou plutôt je lui avois échappé et j’aurois continué ainsi jusqu’au bout, si la providence n’en avoit décidé autrement. — Mais qui peut éviter sa destinée ? »