Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/428

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ter. — Il commença à me venir en pensée que je pourrois bien devenir amoureux. Je rougis en voyant l’extrême blancheur de sa main. — Je puis bien dire à monsieur que de ma vie je ne verrai une main aussi blanche. —

» Du moins à la même place, dit mon oncle Tobie. »

Quoique ce fût la chose du monde la plus sérieuse pour le caporal, il ne put s’empêcher de sourire.

« La jeune béguine, continua-t-il, voyant que de me gratter avec deux doigts me faisoit le plus grand bien, commença à me gratter avec trois ; jusqu’à ce qu’enfin le quatrième doigt et puis le pouce, vinrent se placer à côté des autres ; et alors elle me gratta avec toute sa main. — Je n’ose plus rien dire sur les mains depuis que monsieur m’a plaisanté ; mais en vérité celle-là étoit plus douce que du satin. —

» Vante-la tant qu’il te plaira, Trim, dit mon oncle Tobie, je t’assure que je t’écoute avec le plus grand plaisir. » Le caporal remercia son maître ; mais n’ayant rien de nouveau à dire sur la main de la béguine, il en vint à ses effets.

« La belle béguine, dit le caporal, continua de me gratter avec toute sa main au-