Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/429

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dessous du genou. — Je craignis à la fin que son zèle ne vînt à la fatiguer. — Bon Dieu ! dit-elle ! j’en ferois mille fois plus pour l’amour de Jésus-Christ. — En disant cela elle glissa sa main par-dessous la flanelle jusqu’au dessus du genou, où j’avois senti aussi de la démangeaison ; et là elle recommença à gratter.

» Je commençai alors à m’apercevoir tout de bon que je devenois amoureux.

» Comme elle continuoit à gratter, je sentis l’amour, qui, de dessous sa main, se répandoit dans toutes les parties de mon corps.

» Plus elle grattoit, plus ses grattemens étoient prolongés, et plus le feu s’allumoit dans mes veines ; — jusqu’à ce qu’enfin deux ou trois grattemens ayant duré plus longtemps que les autres, mon amour se trouva à son comble. Je saisis sa main… » —

« Eh bien ! Trim, dit mon oncle Tobie, tu la portas à tes lèvres, et tu fis ta déclaration ? . . . . . . . . . . . » —

Il importe peu de savoir si les amours de Trim se terminèrent précisément de la manière que mon oncle Tobie avoit imaginée. Il suffit qu’on y trouve l’essence de tous les amours de roman qui aient jamais été écrits depuis le commencement du monde. —