Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/434

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CHAPITRE LIV.

Il n’y voit rien.


Un œil a cela de commun avec un canon, que ce n’est pas tant l’œil et le canon en eux-mêmes, que le jeu de l’œil et le jeu du canon, qui les met l’un et l’autre en état de produire de si grands effets. — Je ne trouve pas la comparaison si mauvaise ; d’autres gens de meilleur goût ne seront peut-être pas de mon avis : cependant, comme je l’ai faite et placée à la tête du présent chapitre, autant pour l’usage que pour l’ornement, elle y restera ; et tout ce que je désire en retour, c’est que vous vouliez bien vous la rappeler toutes les fois que je parlerai des yeux de la veuve Wadman. —

« Je vous proteste, madame, dit mon oncle Tobie, que je n’aperçois rien dans votre œil. »

« Ce n’est donc pas dans le blanc, dit Mistriss Wadman ? » Mon oncle Tobie regarda dans la prunelle de toute sa puissance. Or, de tous les yeux qui jamais aient été créés — depuis les vôtres, madame, jusqu’à ceux de Vénus, qui étoient certainement aussi