Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/466

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flues les précautions de mon père. Et mon père le savoit ! — Et mon père n’en continuoit pas moins ses précautions ! — Et moi, Tristram Sliandy, me voilà assis en gillet brun et en pantoufles jaunes, sans perruque ni bonnet, ce douze août mil sept cent soixante six, accomplissant une de ses prédictions les plus tragi-comiques ; savoir que je ne penserois ni n’agirois en rien comme les autres enfans des hommes. —

La méprise de mon père vint de ce qu’il attaqua le motif de ma mère, au lieu de l’action elle-même ; car certainement les trous de serrures ne sont pas destinés à servir de lorgnettes ; et en considérant l’action de ma mère comme tendant à nier une vérité reconnue, et à faire qu’un trou de serrure ne fût pas un trou de serrure, l’action alors étoit une violation de la nature des choses, et comme telle assez criminelle.

C’est pourquoi, n’en déplaise aux prédicateurs, les trous de serrure sont l’occasion de plus de péchés, je dis même de péchés énormes, que tous les autres trous du monde.

C’est ce qui me ramène aux amours de mon oncle Tobie.