Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/510

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CHAPITRE LXXXVIII.

Marie.


Ma foi quittons l’histoire aussi, s’il vous plaît. Car quoique j’aie eu la plus grande hâte d’arriver à cet endroit de mon ouvrage ; quoique je l’aie annoncé et que je le regarde encore comme le morceau le plus exquis que j’aie à donner au public, maintenant que m’y voilà, je voudrois que quelqu’un prît la plume et achevât l’histoire à ma place. Je vois toutes les difficultés qui se présentent, et je sens la foiblesse de mon talent. —

J’ai pourtant une petite ressource C’est que l’on m’a tiré cette semaine vingt-quatre onces de sang, à cause d’une fièvre terrible dont j’ai été attaqué en commençant ce chapitre ; de sorte qu’il me reste quelques espérance que ma cervelle se trouvant plus dégagée, mes vaisseaux moins tendus..... Dans tous les cas, une invocation ne sauroit nuire. Je m’abandonne donc entièrement à celui que j’invoque ; c’est à lui à m’inspirer ou à m’injecter ce qu’il croira de meilleur.