Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/512

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France et d’Italie soit une chose aussi effrayante que beaucoup de gens voudroient le persuader. Il y a par-ci par-là un peu de mal, mais ce n’est pas trop acheter le plaisir de parcourir ces campagnes riantes, que la nature semble étaler devant vous pour le plaisir de vos yeux. — Il est ridicule de penser que l’on vous présentera pour rien des voitures, que l’on expose à être brisées par vous et pour vous. — Ce sont les deux sols que vous donnez à cet homme qui graisse vos roues, qui le mettent en état d’avoir du beurre sur son pain. — Nous sommes en vérité trop exigeans. Eh quoi ! pour trente ou quarante sols que l’on vous demandera de trop pour votre souper et votre lit, votre philosophie sera déconcertée ! Qu’est-ce donc qu’un schelling et quelques sols ! Payez, — pour l’amour de Dieu et pour le vôtre ; payez, — et payez les deux mains ouvertes, plutôt que de laisser le mécontentement s’asseoir sur le front de votre belle hôtesse et de ses demoiselles, qui se tiendront d’un air affligé sur la porte de l’auberge au moment de votre départ. — D’ailleurs, mon cher monsieur, le baiser fraternel que chacune d’elles vous auroit donné, ne valoit-il pas mieux que vos vingt sols ? — à mon gré du moins. —