qui, à cette époque, battaient la grosse caisse en faveur des États-Unis, et ne voulaient ni plus ni moins que nous annexer à la grande République.
On concevra facilement les désirs coupables, la curiosité fatale que devaient faire germer dans l’esprit du jeune homme de semblables lectures.
Bref ; les discours de M. Petit-Jean achevèrent l’œuvre commencée par le journal. Ce soir même, Pierre prit une résolution irrévocable, il irait en Californie. Pauvre, pauvre Pierre !…
Lecteurs, je ne fatiguerai pas votre bienveillante attention par l’ennuyeux récit d’un voyage sur mer. Qu’il me suffise de dire, pour l’intelligence de ce véridique récit, qu’il y eut des alternatives de beau et de mauvais temps, et qu’après une traversée de quatre mois et dix-huit jours, le navire jeta l’ancre dans le port de San-Francisco, à la plus grande satisfaction des passagers en général et de notre ami Pierre en particulier, qui, pour inaugurer son entrée dans la capitale de la Californie, s’était paré de ses plus beaux habits.
À peine avait-il mis le pied sur ce sol sacré de l’or et de la liberté, qu’un inconnu porteur d’une redingote bleue, à boutons de métal et d’un sombrero démesuré, s’approchant d’un air empressé de notre ami Pierre, lui demanda, d’une voix mielleuse et en mauvais français, s’il voulait de l’or américain pour de l’argent.