tagne ne veut pas venir à nous, eh bien ! allons-nous-en à la montagne. Allons c’est dit, je veux faire comme Mahomet.
Et Pierre se précipita dans un café où il parcourut d’un œil avide le premier journal qui lui tomba sous la main.
Victoire ! Eurêka !… enfin… murmura bientôt cet autre Paturot à la recherche d’une position sociale, et il se mit à transcrire au crayon l’adresse ci-dessous, d’une main tremblante, — car la joie fait trembler quelquefois : — Le Docteur Killmany a besoin immédiatement d’un jeune homme capable d’avoir soin de son bureau, et de tenir au courant son livre de visites.
Pierre relut avec soin, en comparant l’adresse avec le texte par crainte d’erreur, sortit du café après avoir salué profondément le garçon qui le regardait d’un air ébahi, et regagna sa chambre en courant. Après s’être habillé de son mieux, Pierre descendit les escaliers quatre à quatre, et se dirigea en toute hâte, vers la résidence du Dr. Killmany.
C’était un étonnant et singulier personnage que Monsieur le Docteur Killmany, chez qui notre ami Pierre se trouva installé le jour même qu’il lui présenta ses services. Au physique, on n’aurait pu rien trouver de plus laid ; figurez-vous, un homme taillé en poteau de télégraphe, possesseur d’un nez abominable dont les ailes longues et étroitement collées ne lui permettaient l’usage de la parole qu’en nazillant comme un canard ; supposons maintenant à cet homme déjà si heureusement doté par la nature, la poitrine aiguë, étroite, taillée en lame de rasoir, d’un coq-d’inde qui a