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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/168

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LE PÈRE MATHURIN.

— Il paraît, pépère, que vous ne nous aviez pas tout donné.

— Comment, père Mathurin, s’écriaient les deux gendres, vous aviez encore des argents et vous ne nous le disiez pas ? Vous vouliez donc nous surprendre, cher pépère ?

— Point du tout, mes enfants, reprit le bon vieillard d’un ton grave et quasi solennel, j’ai voulu simplement vous éprouver, et je me suis aperçu avec douleur que je n’avais affaire qu’à des ingrats. Je vous pardonne toutefois vos torts, mais je vous préviens, mes gendres, que je ne laisserai le reste de ma fortune qu’à celui d’entre vous qui se comportera le mieux à mon égard et qui me témoignera le plus de véritable affection.

Dès ce moment, comme vous pouvez le penser, chers lecteurs, on se garda bien d’appeler encore le bonhomme vieux déplaisant, ou vieux marabout. C’était pépère par-ci, c’était pépère par-là : les deux gendres et leurs femmes se disputaient à qui servirait le plus tôt et le mieux le cher pépère. Bref le bonhomme n’avait jamais été si heureux de sa vie.

Au bout de dix ans, lorsque le père Mathurin se sentit près de mourir, il fit venir dans sa chambre ses deux gendres et leur dit en leur désignant le coffre dont j’ai parlé tantôt : mes enfants, vous trouverez là dedans un testament qui explique mes dernières volontés.

Dès qu’il fut mort, les deux gendres n’eurent rien de plus pressé que d’ouvrir le coffre dans lequel ils comptaient bien puiser l’or et l’argent à pleines mains, mais je vous laisse à juger de leur étonnement, lorsqu’au lieu de cette fortune tant convoitée, ils ne trouvèrent