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LES TROIS VÉRITÉS.

garçon qui pleuraient toujours, il se mit à son tour à pleurer comme un enfant, en continuant sa route.

Jean Lafortune voyagea pendant dix ans. Au bout de ce temps, il n’avait augmenté qu’en âge. Cela méritait réflexion, il se mit à réfléchir sérieusement. J’avais trente ans, se dit-il, quand je partis de chez moi sans autre fortune que mes bras ; me voilà rendu à quarante, et je n’ai guère gagné davantage, si non que mes bras sont plus fatigués que le jour de mon départ. Pâtir pour pâtir, j’aime mieux pâtir, s’il le faut, avec les miens là-bas, que seul ici comme un chien. Retournons-nous-en.

Et Jean remit le cap dans la direction de son clocher.

Jean se trouvait encore à trois, journées de chez lui, lorsqu’il arriva près d’une ferme qu’il n’avait pas remarquée, sur son passage, dix ans auparavant. Un vieillard de haute taille se tenait sur le pas de la porte et le regardait venir.

Ce vieillard avait une longue barbe blanche, et une tuque rouge lui couvrait la tête. Il était vêtu d’un ample capot gris d’étoffe du pays, et une ceinture fléchée à couleurs voyantes serrait sa taille élancée et pleine de vigueur.

Arrivé en face de ce personnage, Jean qui avait soif lui demanda à boire.

Entrez, mon enfant, lui fut-il répondu d’un ton pa-