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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/175

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LES TROIS VÉRITÉS.

ternel, vous me paraissez venir de loin, vous reprendrez mieux votre route quand vous vous serez reposé quelque temps.

Jean avait faim et soif, Jean de plus était fatigué ; il ne se fit donc pas prier et entra.

La table était encore mise, le vieillard y conduisit le voyageur et après l’avoir engagé à boire et à manger comme il faut, il lui demanda d’où il venait et où il allait.

Jean raconta son histoire tout en mangeant à belles dents.

Quand il l’eut finie, avec la dernière bouchée, il se disposait à remercier le vieillard et à partir, mais ce dernier le retint et lui dit :

Mon ami, vous avez eu grandement tort de quitter ainsi votre femme et votre enfant. Il est bien rare que le bonheur accompagne ceux qui abandonnent l’humble clocher de leur village et leur famille, parce que du même coup ils désertent les seules vraies joies que l’homme puisse goûter ici-bas : celles que donnent la religion et le foyer domestique.

J’ai beaucoup vécu, mon enfant, et par conséquent j’ai beaucoup vu dans ma longue carrière, et j’en ai connu bien de ces étourneaux, qui ont fui le nid paternel. Que leur est-il arrivé ? Au lieu de l’or et des merveilles qu’ils croyaient follement rencontrer sur leur route, ils n’ont trouvé que déceptions et misères. La plupart sont revenus, comme vous, plus pauvres qu’ils n’étaient partis, fatigués de la route et le désespoir au cœur. Quelques-uns sont morts tristement loin, bien loin de leurs parents, de leurs amis, en proie à toutes les tortures du remords et de leurs espérances brisées. À peine un sur cent a-t-il rencontré ce qu’il cherchait.

Ce n’est pas en vain, mon ami, que Dieu a implanté dans le cœur de l’homme l’amour de la patrie. C’est