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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/176

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LES TROIS VÉRITÉS.

ce sentiment qui lui fait aimer par dessus tout, si humble qu’il soit, le lieu qui l’a vu naître, et les plus sages et les plus heureux ont toujours été ceux qui ont vécu où leurs pères ont vécu et qui mourront où leurs pères sont morts.

D’ailleurs, comme le dit le proverbe : pierre qui roule n’amasse pas mousse. Vous en êtes la preuve vivante. Pendant dix ans vous avez roulé à droite et à gauche, dépensant d’un bord ce que vous aviez gagné de l’autre, et en fin de compte vous ne rapportez, pour nourrir votre famille qui vous attend depuis si longtemps, que la stérile histoire de votre longue absence.

Ne pleurez pas, mon pauvre ami, je ne dis pas ceci pour vous affliger, loin de là ; vous me paraissez d’un bon naturel et je ne demande pas mieux que de m’intéresser à vous, et de vous le prouver. Tenez, si vous le voulez, vous resterez chez moi pendant un an, j’ai besoin d’un bon travailleur sur qui je puisse compter, et je vous donnerai $100 pour vos peines. Si cela vous va, vous pourrez vous mettre à la besogne dès demain matin. Dans tous les cas, ce serait toujours une jolie petite somme que vous rapporteriez chez vous, et vous demeurerez ici aussi longtemps qu’il vous plaira.

Jean ne se le fit pas répéter deux fois, et serra avec effusion la main généreuse que lui tendait le vieillard.

Le lendemain il était aux champs travaillant comme quatre.

L’année finie, Jean demanda ses gages.

Fort bien ! mon garçon, lui dit le vieillard, tu as bravement gagné tes cent piastres et je vais te les donner, puisque tu me les demandes. Cependant comme