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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/177

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LES TROIS VÉRITÉS.

je suis très content de tes services, je veux te laisser le choix de cette somme ou d’une simple vérité qui vaut dix fois plus ; voyons, décide-toi.

Jean se gratta le front avec anxiété, regarda successivement son maître et le plafond, et finit par déclarer qu’il préférait la vérité.

À la bonne heure ! reprit le vieillard, voilà qui est bien répondu. Eh bien ! mon enfant, retiens-là cette vérité, grave-là profondément dans ta mémoire et surtout observe-là dans n’importe quelle circonstance, le bonheur de ta vie entière en dépend : SUIS TOUJOURS LE VIEUX CHEMIN.

Jean sortit tout penaud et s’en retourna aux champs. Évidemment dans son esprit, cette maxime ne valait pas cent piastres.

Au bout de la seconde année, Jean se représenta devant le vieillard, et ce dernier lui tint à peu près le même discours que la dernière fois.

La situation était difficile. D’un côté le pauvre diable voyait reluire sur la table une dizaine de piles d’écus tout neufs ; de l’autre, le bonhomme lui répétait de sa voix la plus solennelle :

Je te laisse le choix de ces cent piastres ou d’une vérité bien plus importante que la première et qui vaut cent fois cet argent.

Donnez-moi la vérité, dit Jean en baissant les yeux pour ne pas rencontrer ces beaux écus dont l’éclat lui donnait la fièvre.

— Fort bien, mon garçon, je suis content de toi. Ouvre bien les deux oreilles et n’oublie jamais cette précieuse vérité que je te confie :