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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/239

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TÉLESPHORE LE BOSTONNAIS.

nous perdons, chaque jour, dans cette course insensée, quelqu’un de ces bons vieux usages, quelqu’une de ces saintes traditions, quelqu’une de ces bonnes vieilles coutumes du bon vieux temps.

Si tourmentée que fût cette époque, elle n’en demeurera pas moins l’âge d’or de notre histoire, et la mine féconde où nos écrivains d’aujourd’hui et ceux de l’avenir puiseront à pleines mains, car s’il y avait alors, comme maintenant, des accommodements même avec le Ciel, nous verrons bientôt, chers lecteurs, qu’en ce bon vieux temps, il y en eut aussi avec la Mort, ce qui, je pense, ne se voit plus de nos jours, et ne se reverra probablement jamais.

Or donc, sans plus long préambule, passons à notre histoire, et transportons, s’il vous plaît, le théâtre de nos scènes diverses dans quelqu’un de ces nombreux villages éparpillés le long du majestueux St. Laurent.

Notre récit s’ouvre par une noce, vers le milieu du mois de juin — notre mois de roses à nous — alors que la nature sortie comme par sursaut d’un long sommeil, se revêt tout-à-coup de son éternelle jeunesse, et répand partout sur la terre, une vie nouvelle, l’espérance et la joie.

La veille de la fête du bienheureux St. Antoine de Padoue dont la puissante protection s’étend, au dire de nos bons campagnards, jusqu’aux concombres, aux citrouilles et aux melons, il y avait eu une grande réunion chez le père Toinon Sans-Gêne dit Sansfaçon, un des plus riches habitants de l’endroit. Il ne s’agissait ni plus ni moins que de la signature du contrat de mariage de son fils Télesphore Sans-Gêne dit Sans-