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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/242

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TÉLESPHORE LE BOSTONNAIS.

prime abord, sembler martial et imposant, autant celui de la future épouse était simple et modeste.

Telle qu’une bergère, aux plus beaux jours de fête,
De superbes rubis ne parent point sa tête,
Et sans mêler l’or à l’éclat des diamants
Cueille, en un champ voisin, ses plus beaux ornements,

Telle se montrait Mademoiselle Lucie Petoche La Tulipe, dont la robe d’indienne couleur puce, à jupe très-étroite et courte, s’arrêtant à six grands pouces de terre, laissait voir des bas blancs bien tirés et de très-jolis pieds, plus forts que mignons, chaussés de souliers français ornés d’une large rosette.

Un fichu serré autour de la taille, une collerette montant très-haut et encadrant son beau visage, tant soit peu joufflu, un gros bouquet attaché au corsage et des fleurs dans les cheveux moins fraîches que ses joues roses comme des pommes d’apis, tout cela, lecteurs, ne vous donnera qu’une idée très imparfaite quoiqu’exacte, de ce qu’était Melle. Petoche il y a quelques vingt ans.

La toilette de toutes les femmes vêtues uniformément d’indienne, ressemblait, à peu de chose près, à celle de la mariée. Il n’y avait guère de différence que dans la couleur de l’étoffe. Quant aux jupes de robe, elles étaient toutes écourtées et presqu’aussi étroites que des fourreaux de parapluie de famille. Cependant, à observer ces costumes de plus près, on aurait pu remarquer des variantes assez notables dans les collerettes. Ainsi par exemple, les graves matrones, depuis longtemps sur le retour, portaient une collerette hérissée de trois rangs de piquants superposés qui donnait à leur figure l’aspect d’un artichaut ou semblait la protéger contre toute entreprise téméraire, ainsi que l’armure d’un porc-épic. D’autres n’avaient qu’un double rang de dards aigus