solidement empesés, tandis que les jeunes filles s’étaient contentées, pour la plupart, d’une collerette simple et unie d’un aspect moins redoutable et partant plus gracieux.
Outre l’énorme chapeau tromblon dont nous avons parlé tout-à-l’heure, les hommes portaient en guise d’habit, une espèce de robe de chambre en soie à desseins variés et bizarres. Les unes étaient à grands ramages ; d’autres représentaient des oiseaux ou des paysages, toutes auraient pu remplacer avantageusement de la tapisserie. Joignez à cet habit fantastique des culottes courtes, une veste très longue, des souliers à larges boucles et des bas de soie de toutes couleurs, depuis le blanc immaculé jusqu’au rouge le plus solferino, et vous pourrez vous figurer, chers lecteurs, la splendeur et la majesté de cette imposante réunion.
Nous nous permettrons cependant une remarque et même deux : tout le luxe, si luxe il y a, était évidemment déployé par le sexe laid. La seule conclusion logique à tirer, suivant nous, de ce beau spectacle, c’est que si les filles d’Ève montraient alors tant de simplicité… dans leur toilette, elles se sont depuis largement dédommagées ; et nous pourrions même ajouter, sans méchanceté aucune, que plusieurs ont outrepassé la sage et juste mesure prescrite jadis par Horace ; enfin, pour l’acquit de notre conscience, nous formulerons sous forme de question notre remarque No. 2. Puisque maintenant les modes d’autrefois nous semblent grotesques, qui nous garantira que celles d’aujourd’hui, que nous croyons cependant bien belles, ne paraîtront pas à nos arrières-neveux du dernier ridicule ?