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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/245

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TÉLESPHORE LE BOSTONNAIS.

premiers accords, et Mr. Télesphore le Bostonais, prenant galamment la main de Madame son épouse, ouvre le bal, ayant pour vis-à-vis son garçon d’honneur, le grand Pétoche La Babiche, réputé le plus beau danseur de bien loin.

Ô Muse qui inspiras autrefois les chantres divins de l’Iliade et de l’Enéïde, prête maintenant à mon humble pinceau cette force, cette vérité, cette couleur qui immortalisèrent les héros de l’ancien monde, et Télesphore le Bostonnais vivra jusqu’à la postérité la plus reculée, avec une gloire aussi pure, un renom aussi éclatant que le pieux Énée ou l’intrépide Achille, fils de Pélée !

Il pouvait être minuit et cinquante-cinq minutes, les menuets succédaient aux cotillons et la gavotte aux sarabandes, lorsque quelqu’un frappa assez rudement à la porte de la ferme. Mr. Télesphore le Bostonnais s’empressa d’aller ouvrir, mais à peine avait-il entrebâillé la porte qu’un étranger — enveloppé d’un long manteau de couleur indécise et la tête couverte d’une sorte de cagoule — fit irruption dans le vestibule, et mettant sans façon la main sur l’épaule de Mr. Sans-Gêne, le poussa beaucoup plus qu’il ne l’invita à entrer dans la chambre voisine où il n’y avait personne.

— Mr. Télesphore le Bostonnais, lui dit cet étrange visiteur, je viens vous chercher.

— Me chercher et pourquoi ? Je n’ai rien qui m’appelle ailleurs, et tout me retient ici ?