la vente de la maison paternelle qui constituait la majeure partie du patrimoine, les trois frères habitués, depuis leur naissance, à vivre sous le même toit s’étaient dispersés, comme c’est assez l’ordinaire, et chacun se mit à suivre sa propre carrière, c’est-à-dire une carrière différente.
L’aîné qui avait toujours eu un goût prononcé pour les hautes spéculations, risqua, dans une seule affaire, sa petite fortune et se ruina de fond en comble. Mais, en homme de cœur qu’il était, loin de se décourager et de maudire la Fortune qui se moque de nous en définitive, quelle que soit la mine que nous lui fassions — il voulut tout reconquérir, après avoir tout perdu. Seulement pour ne devoir rien à autrui et n’être à charge à personne, un beau matin Jules partit bravement pour les Indes, où nous le laisserons, quitte à l’en faire revenir plus tard, pour les besoins de notre récit.
Alfred, d’un tempérament moins aventurier mais plein d’ambition, entra, par une faveur toute spéciale, dans une maison de banque. Théodore lui, — de goûts plus modestes et plus humbles, — parvint à la place de commis dans un magasin de « Marchandises Sèches ».
Nous voilà donc, chers lecteurs, à peu près renseignés sur le compte de nos trois personnages principaux ; quoi qu’il arrive maintenant, nous sommes certains de demeurer toujours en bonne et aimable compagnie. Et sur ce, continuons notre histoire et tâchons de la mener à bonne fin.
Les deux frères demeurés au pays s’étaient mariés. Alfred arrivé assez vite à une belle position, — malgré