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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/260

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LES TROIS FRÈRES.

aujourd’hui celui qui l’assista hier, et pousse parfois l’ingratitude jusqu’à feindre d’ignorer le nom même de celui qui l’aida au commencement de sa carrière.

Il devait en être ainsi pour les deux frères. Très unis au commencement, parce que le plus pauvre avait rendu service au plus riche, ils en étaient venus à ne plus se voir qu’à de rares intervalles. La grande dame d’ailleurs, ou plutôt la dame riche n’avait jamais voulu se montrer aimable avec sa belle-sœur, et les cousins riches se modelant sur leurs parents, ne saluaient que très froidement leurs cousins pauvres, et prenaient même à leur égard de petits airs d’une supériorité insultante parfaitement ridicules.

Vingt ans se sont écoulés et les choses en étaient à ce point, lorsque les deux familles reçurent, le même jour, une lettre de l’oncle Jules dont on n’avait plus entendu parler et que depuis très longtemps on croyait mort et enterré.

Par cette lettre, assez laconique, l’oncle Jules annonçait, sans autres détails, que dans sept ou huit semaines, il serait de retour à Paris, et se félicitait du bonheur de revoir ses frères bien aimés. Il les priait, en outre, de lui envoyer une réponse à Marseilles, bureau restant, afin qu’il pût, lors de son arrivée, savoir où les retrouver, après une aussi longue absence.