au faîte de la cheminée lézardée, des bardeaux à la toiture recouverte d’une mousse sale, et des trois fenêtres qui ornaient la façade, l’une avait été condamnée, et les deux autres présentaient, à divers endroits, en guise de vitres, un papier sale et épais, ou de vieux torchons. Le perron qui possédait autrefois trois marches, avait perdu celle du milieu, ce qui rendait l’accès de la maison assez difficile, et même périlleux pour tout autre que pour ses locataires, et la contre-porte qui se balançait sur un seul gond, attendait patiemment qu’elle tombât tout-à-fait.
En entrant, Madame Cardon vit une vaste pièce, qui occupait toute l’étendue de la maison. Un feu de branches brûlait tristement dans la cheminée, encombrée de souches et de bois de rebut, autour duquel jouaient trois petits enfants, à moitié vêtus, dont l’aîné pouvait avoir huit ans. Les quelques meubles qui dissimulaient mal la nudité de la chambre, accusaient tous les actes de brutalité et de vandalisme auxquels s’était livré le gendre de la Sans-Regret, dans ses accès de frénésie, causés par la boisson. Le malheureux ivrogne n’avait respecté que deux objets, le lit au couvre-pied barriolé, d’une propreté remarquable, et le violon traditionnel, accroché à la muraille, au-dessus d’un Christ qu’entourait un rameau béni. Un banc, grossièrement fait, sur lequel se tenaient en équilibre deux seaux si fracassés, que l’eau en suintait et simulait, en petit, sur le plancher mal joint, le cours tortueux d’une rivière ; quelques chaises boiteuses et défoncées, un vieux buffet peint en rouge et une grande table, couverte de blé-d’Inde, adossée à l’unique fenêtre donnant sur la cour, formaient tout le mobilier.
La Sans-Regret avait quitté son rouet, pour recevoir Madame Cardon, que les pauvres enfants regar-