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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/42

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PIERRE CARDON.

Trois années se sont écoulées depuis ce dernier chapitre. Au cadran de l’éternité, trois années ne sont pas plus que la goutte d’eau, qui se perd dans l’Océan, ou le grain de sable dans l’immensité du désert ; mais dans la vie de l’homme, dont le berceau et la tombe sont si voisins l’un de l’autre, trois années font époque. Elles pourront bien, à la vérité, paraître courtes aux uns, longues, biens longues à d’autres ; mais, sans m’arrêter davantage à des réflexions philosophiques qui m’entraîneraient loin de mon sujet, je vais, chers lecteurs, vous introduire de nouveau dans ce jardin que vous connaissez déjà, en ayant soin de vous prévenir, pour l’intelligence du récit, que nous sommes en été et qu’il fait très-chaud.

Pierre et Marie sont assis tous deux à l’ombre de leur berceau dont la végétation est devenue luxuriante. Les arbustes qu’ils ont plantés et les arbres qui les entourent ont formé une espèce de massif verdoyant, de riante oasis impénétrable à la poussière de la grand’route, dans lequel la brise du fleuve entretient une fraîcheur agréable.

Un tout jeune enfant à tête blonde, dont les cheveux fins comme de la soie, retombaient en boucles gracieuses sur son petit cou blanc, était assis près d’eux sur le gazon, et effeuillait, en poussant des petits cris de joie, des œillets au panage rouge et des marguerites aux feuilles blanches.

Les rayons du soleil couchant, perçant l’ombrage épais des arbres, jouaient avec sa chevelure dorée et jetaient sur ce tableau de famille, une douce clarté.

À leurs pieds, coulait, avec son doux murmure, la rivière profonde, réflétant dans son eau tiède et parfumée, les nuances éblouissantes du jour qui s’en va.

Marie cousait ; comme la femme forte de l’Écriture, elle travaillait aux vêtements de son enfant, et son