raient d’un brocanteur comme de la peste. Ce sera donc sur ce sujet, chers lecteurs, que roulera mon conte et voici les mélancoliques aventures de mon héros :
Il s’appelait José, tout court, sans autre nom.
Son âge, il l’ignorait, ou bien n’y pensait guère
Quoiqu’il eût, dès longtemps, de la barbe au menton.
C’était, au demeurant, un excellent garçon,
Bon cœur, bon pied, bon œil, ne songeant à mal faire ;
Sans esprit, par malheur, car d’aucune façon,
Il n’aurait, comme on dit, pu découvrir la poudre.
Bien plus, ce n’eût été très facile à résoudre
Quand José, dans le champ, menait paître les bœufs
Quel était le plus bœuf d’entre eux.
Or donc, depuis dix ans, José servait son maître
De la manière que j’ai dit,
Lorsqu’un jour de printemps il lui vint à l’esprit
D’avoir femme à son tour. C’était erreur peut-être,
Mais n’importe ; à tout âge on se trompe après tout,
À la ville, au village, et quelque peu partout.
Il alla chez son maître et lui dit : s’il vous plaît,
Payez-moi, je ne veux plus demeurer valet ;
J’ai maintenant toute autre idée,
Je retourne au pays prendre ma fiancée.
— Fort bien, mon gars, voici cinquante écus tout neufs,
Que le Ciel te bénisse et qu’il te rende heureux !
Sur ce, José plia bagage
Et tout en fredonnant un chant vif et joyeux
Prit la route de son village.
Un soleil radieux brillait au firmament
Et les oiseaux chantaient cachés sous la feuillée ;
Partout la nature éveillée
Montrait à l’œil charmé sont rajeunissement.
José marchait le nez au vent,
Un pied derrière, un pied devant,