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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/58

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JOSÉ LE BROCANTEUR.

Quand il vit arriver, au trot, dans la poussière,
Un cavalier campé sur un fier étalon.
Ce cavalier était un maquignon.
Dès qu’il fut à portée :

Dès qu’il fut à portée— Ah ! Ah ! mon beau compère,
Cria José, vous n’êtes pas trop mal
Pour voyager, sur ce fringant cheval ?…
Je vous garantis bien qu’il ferait mon affaire…

— Hé ! l’ami, vous pouvez l’avoir cet animal…
Mon cheval est à vendre à vous comme à tout autre.
Vous m’avez l’air d’un bon apôtre,
Et si votre gousset logeait cinquante écus,
Vous n’auriez qu’à grimper dessus.

— Cinquante écus ! topez, au mot je vous arrête,
Voici l’argent. C’est fait, et puis n’en parlons plus.

Voilà donc mon José qui grimpe sur la bête
Et d’un coup de talon lui laboure le flanc.
L’animal indigné part comme une fusée
Faisant sauter son maître, en sa course insensée,
Comme le rapide volant
Sous la raquette d’un enfant.
Jamais on n’endura de tortures pareilles,
Le bon José, fermant les yeux,
Se cramponnait, de ses bras vigoureux
À la crinière, aux deux oreilles,
Avec le désespoir d’un héros malheureux ;
Ce qui n’empêcha pas qu’il ne fît la culbute
Au milieu d’un ruisseau peu profond, mais fangeux.

José se relevait tout meurtri de sa chute,
Pestant contre lui-même et contre l’animal,
Lorsqu’il vit un quidam ramenant le cheval
Et gourmandant en sus, d’une voix enrouée,
Le pas lent et craintif d’une vache efflanquée.

Je suis toujours chanceux de n’être estropié,
Bateau ! disait José, s’essuyant le visage,