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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/68

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LES TROIS DIABLES.

— Pas le moins du monde, tous ceux qui se faisaient chausser par le père Richard le payaient comme le roi.

— Mais s’il n’avait pas d’enfants, et si tout le monde le payait comme le roi, le bonhomme devait vivre à l’aise, ou bien il faut qu’il n’eut point d’ouvrage, les trois quarts du temps ?

— Pardon, j’ai dit tout à l’heure qu’il travaillait tous les jours, les dimanches et fêtes exceptés, depuis le matin jusqu’au soir, — huit heures l’hiver, treize et quatorze pendant l’été ; — mais quand bien même il aurait travaillé et gagné dix fois plus, le pauvre Richard serait toujours resté sans le sou, car il avait le malheur d’avoir une femme qui buvait.

S’il gagnait une piastre, sa femme avait soif pour deux. Elle buvait comme un trou, comme plusieurs éponges, cette malheureuse créature ; — aussi n’était-elle connue dans l’endroit que sous le sobriquet peu flatteur de « l’ivrognesse. »

Richard avait beau cacher son argent quand il en recevait, sa femme furetait si bien les moindres recoins de la maison qu’elle finissait toujours par trouver la cachette, et je n’ai pas besoin de vous dire que les écus du bonhomme ne prenaient pas alors le chemin de l’église.

Il arriva cependant que ça finit par tanner la vieille d’avoir toujours à chercher l’argent que son mari s’obstinait à cacher, et il lui passa un jour dans l’esprit une effroyable idée, — c’est étonnant comme les ivrognes ont toujours de mauvais desseins, — elle s’avisa d’invoquer le diable !…

Lecteurs, il y a un proverbe qui dit : « lorsqu’on parle du diable, il montre les cornes, » rien n’est plus vrai. À peine la Richard l’eut-il appelé, que le diable apparut.

— Que me voulez-vous ? bonne femme, lui dit-il de sa voix la plus douce ; pour avoir votre âme, il n’y a rien que je ne fasse.