Page:Stevenson - Catriona.djvu/207

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— Et où est-elle alors ? »

Il haussa les épaules.

« Dieu le sait, fit-il.

— Elle sera allée rejoindre lady Allardyen ?

— Peut-être.

— J’y vais de ce pas.

— Mais vous consentirez bien à vous reposer un peu avant de repartir ?

— Non, je n’ai besoin de rien, j’ai pris une bonne tasse de lait à Ratho.

— Bien, bien ; vous pouvez laisser votre cheval ici avec vos bagages, car vous êtes, paraît-il, notre hôte.

— Non, dis-je encore, aller à pied ne fait pas mon affaire, aujourd’hui moins que jamais. »

Doig avait de l’accent et j’avais, malgré moi, imité ses intonations provinciales, quand tout à coup, un rire clair me fit lever la tête et une voix moqueuse chanta derrière moi :

Çà ! qu’on cherche mon poney gris
Au plus vite, et qu’on me le selle,
Je veux descendre au val d’Espoir
Au champ où m’attend ma belle.

Je me retournai et j’aperçus devant moi une jeune fille en déshabillé du matin, les mains cachées dans ses manches, comme pour me tenir à distance. Mais elle me regardait avec douceur.

« Mes hommages, miss Grant, dis-je en la saluant.

— Je vous salue, monsieur David, répondit-elle, avec une profonde révérence, et je vous prie de vous rappeler ce vieux dicton : « Le dîner, ni la messe n’ont jamais retardé personne. » La messe, je ne peux pas vous la procurer, car nous sommes tous bons protestants, mais je vous recommande le déjeuner, et je crois bien avoir quelque chose d’intéressant à vous apprendre.

— Miss Grant, j’ai déjà à vous remercier de quelques