Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/289

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Alors il viendra voir si nous ne sommes pas à Corrynakiegh.

Et s’il ne le fait pas, David, que le diable l’emporte ! Cela, je ne m’en soucie guère, car il n’y gagnera pas de quoi saler sa soupe.

— Eh ! mon cher, fis-je en plaisantant un peu avec lui, vous êtes tout à fait ingénieux, mais ne serait-ce pas plus simple de l’avertir en mettant un peu de noir sur du blanc ?

— Ah ! cela est une très bonne idée, monsieur Balfour de Shaws, répondit Alan sur le même ton narquois, et il eût été, en effet, bien plus simple pour moi de lui écrire, mais ce serait une rude besogne pour John Breck, que de lire. Il lui faudrait aller à l’école pendant deux ou trois ans, et peut-être n’aurions-nous pas la patience d’attendre tout ce temps-là.

Alan porta donc, cette nuit-là, sa croix de feu et la planta à la fenêtre du fermier.

Il était inquiet quand il revint.

Les chiens avaient aboyé, et les gens s’étaient précipités hors des maisons. Il avait cru entendre un froissement d’armes et voir un habit rouge sortir d’une porte.

Aussi pour parer à tout, nous passâmes la journée sur la lisière du bois en observations attentives, de manière que si c’était John Breck qui venait, nous fussions là pour le guider, et si c’étaient les habits rouges, nous eussions le temps de décamper.

Vers midi nous aperçûmes un homme qui descendait avec peine la partie découverte de la montagne, en plein soleil, et tout en s’avançant, regardait autour de lui en s’abritant les yeux avec sa main.

Dès qu’Alan l’eût aperçu, il lança un coup de sifflet. L’homme se retourna et se dirigea un peu de notre côté.