Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
L’ÎLE AU TRÉSOR

des rivières qui se déversent dans le mouillage du capitaine Kidd venait de la montagne à deux sommets située sur ma gauche ; et je me dirigeai de ce côté, afin de passer le cours d’eau à sa naissance. Le bois était fort praticable et, en suivant les contreforts inférieurs de cette montagne, je l’eus vite contournée. Peu après je traversais le ruisseau qui me venait à mi-jambe.

Cela me conduisit tout près de l’endroit où j’avais rencontré Ben Gunn, le marron ; et je marchai avec plus de circonspection, ayant l’œil de tous côtés. La nuit était presque complète, et lorsque je débouchai du col situé entre les deux sommets, j’aperçus dans le ciel une réverbération vacillante. Je supposai que l’homme de l’île était là-bas à cuire son souper sur un brasier ardent. Toutefois, je m’étonnais en mon for intérieur qu’il se montrât si imprudent. Car si j’apercevais cette radiation, ne pouvait-elle aussi frapper les yeux de Silver campé sur le rivage du marigot ?

La nuit s’épaississait par degrés ; c’est tout au plus si je pouvais me guider approximativement vers mon but : derrière moi, la double montagne, et la Longue-Vue sur ma droite, devenaient presque indistinctes ; on voyait à peine quelques faibles étoiles ; et sur le terrain bas que je parcourais, je trébuchais sans cesse contre les buissons et tombais dans des trous de sable.

Soudain, une lueur vague se répandit autour de moi. Je levai les yeux : une pâle clarté lunaire illuminait le sommet de la Longue-Vue ; peu après un large disque argenté surgit derrière les arbres : la lune était levée.

Favorisé par cette circonstance, je franchis rapidement le reste du trajet ; dans mon impatience de me rapprocher de la palanque, je marchais et