Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/214

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décharge, lord Foxham fut frappé ; Hawksley le fit porter de suite à bord, et ses hommes pendant la courte fin de l’escarmouche combattirent (ceux du moins qui combattirent), sans ordres. Ce fut peut-être la cause principale du désastre qui suivit bientôt.

Au bout de la jetée, vers la côte, pendant peut-être une minute, Dick tint bon avec une poignée d’hommes ; un ou deux furent blessés de chaque côté de lui ; le fer croisait le fer ; il n’y avait pas encore le moindre signe d’avantage, quand, en un clin d’œil, la marée tourna contre ceux du vaisseau. Quelqu’un cria que tout était perdu ; les hommes étaient dans un état d’esprit à écouter un avis néfaste ; le cri fut repris : « À bord, les amis, il y va de notre vie ! » cria un autre. Un troisième, avec le pur instinct du poltron, suscita l’inévitable rumeur de toute déroute : « Nous sommes trahis ! » Et en un moment, toute cette troupe d’hommes se choquant et se poussant en arrière sur la jetée, tournèrent leurs dos sans défense à leurs ennemis et percèrent la nuit de leurs clameurs apeurées.

Un lâche repoussa l’arrière du vaisseau, pendant qu’un autre le retenait encore par l’avant. Les fugitifs sautèrent en criant et furent hissés à bord, ou retombèrent et périrent dans la mer. Quelques-uns furent massacrés sur la jetée par les ennemis. Beaucoup furent blessés sur le pont du navire dans l’aveugle hâte et la terreur du mo-