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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE 87

naissance. Et pour conclure, comme je n’ai pas encore fini ma toilette, il me semble que la courtoisie d’un geôlier envers son prisonnier devrait vous engager à vous retirer.

Sur la table se trouvait du papier, et Othon, s’asseyant, écrivit un passeport en faveur de Sir John Crabtree.

— Mettez le sceau, monsieur le Chancelier ! dit-il en se levant, et de son air le plus princier.

Greisengesang tira un portefeuille rouge de sa poche et mit le sceau, sous la forme peu romantique d’un timbre adhésif. Son trouble et sa gaucherie n’eurent pas pour résultat de diminuer le comique de l’affaire. Sir John observait avec un plaisir malin, et Othon rougit, regrettant un peu tard la majesté exagérée de son ordre et de son geste. Enfin le chancelier compléta son œuvre de prestidigitation, et, sans en attendre l’ordre, contresigna le passeport ; ainsi régularisé, il le présenta en saluant.

— Maintenant, dit le prince, vous donnerez l’ordre de préparer une de mes propres voitures. Voyez vous-même à ce qu’on y mette les effets de Sir John et à ce qu’elle attende avant une heure d’ici, derrière la faisanderie. Sir John part ce matin pour Vienne.

De son air cérémonieux le chancelier prit congé.

— Monsieur, dit Othon, se retournant vers le baronnet, voici le passeport. Je regrette du fond du cœur que vous ayez été traité d’une façon inhospitalière.

— Il n’y aura donc pas de guerre avec l’Angleterre ? fit Sir John.