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88 LE ROMAN DU PRINCE OTHON


— De grâce, Monsieur ! Vous me devez assurément votre civilité. Les choses ont maintenant changé de face, et nous nous trouvons de nouveau sur le pied de deux simples gentilhommes. Ce n’est pas moi qui ai donné l’ordre de votre arrestation. Je ne suis revenu de la chasse que cette nuit : et tandis que vous ne pouvez me donner le blâme de votre emprisonnement, vous devez en revanche m’être reconnaissant pour votre mise en liberté.

— Cependant vous avez lu mes papiers ! dit le voyageur d’un air fin.

— En cela, Monsieur, répliqua Othon, j’eus tort et je vous en demande pardon, pardon que pour votre propre dignité vous ne pouvez guère refuser à un homme qui n’est qu’un plexus de faiblesses. La faute, du reste, n’est pas entièrement mienne : si ces papiers avaient été parfaitement innocents, mon acte n’eût été, tout au plus, qu’une indiscrétion. C’est votre propre culpabilité qui envenime mon offense.

Sir John envisagea Othon avec un sourire approbateur. Puis il salua, mais toujours en silence.

— Eh bien, Monsieur, continua le prince, maintenant que vous voilà entièrement à votre disposition, j’ai une faveur à demander de votre indulgence. J’ai à vous prier de vouloir bien m’accompagner seul jusqu’au jardin, aussitôt qu’il vous sera agréable.

— Du moment que je me trouve en liberté, répondit Sir John, et cette fois avec une courtoisie parfaite, je suis entièrement aux ordres de Votre Altesse. Et, si vous voulez bien excuser une toilette