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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE 89

un peu sommaire, je vous suivrai même tel que je me trouve.

— Je vous remercie, dit Othon. Et sans plus tarder, le prince marchant le premier, ils descendirent les escaliers résonnants, passèrent par la grille au soleil et au grand air du matin sur la terrasse et parmi les parterres du jardin. Ils traversèrent le vivier où sautaient les carpes en essaim, remontèrent, toujours l’un suivant l’autre, les degrés, sous la neige tombante des blanches fleurs d’avril, avançant en mesure au grand chœur des oiseaux. Othon ne s’arrêta que lorsqu’ils furent parvenus à la terrasse la plus élevé du jardin. Là se trouvaient une grille donnant accès au parc, et tout près, sous un buisson de lauriers, un banc de marbre. De cet endroit la vue plongeait sur les cimes vertes des ormes où s’affairaient les corbeaux, et, plus loin, sur les toits du palais où l’étendard jaune flottait sur l’azur.

— Ayez la bonté, je vous prie, de vous asseoir, Monsieur, dit Othon.

Sans mot dire Sir John obéit, et pendant quelques instants Othon marcha de long en large devant son hôte, plongé dans le courroux de ses pensées. Les oiseaux chantaient à qui mieux mieux.

— Monsieur, dit enfin le prince, en se retournant vers l’Anglais, sauf les conventions de la société, vous êtes pour moi absolument un étranger. J’ignore quoi que ce soit de votre caractère et de vos desseins. Jamais je ne vous ai sciemment désobligé. Il est entre nous une différence de position sociale que je désire ignorer ; je voudrais,