originalité), comme le créateur de toutes les œuvres qui marquent dans l’histoire du monde.
Si la liberté est le but de vos efforts, sachez vouloir sans vous arrêter à mi-chemin ! Qui donc doit être libre ? Toi, Moi, Nous ! Et libres de quoi ? De tout ce qui n’est pas Toi, Moi, Nous ! Je suis le noyau, je suis l’amande qui doit être — délivrée de toutes ses enveloppes, de la coquille où elle est à l’étroit. Et que restera-t-il, quand je serai délivré de tout ce qui n’est pas moi ? Moi, toujours et rien que Moi ! Mais la liberté n’a plus rien à voir avec ce Moi ; que deviendrai-je une fois libre ? Sur ce sujet, la liberté reste muette ; elle est comme nos lois pénales, qui, à l’expiration de sa peine, ouvrent au prisonnier la porte de la geôle et lui disent « va t’en ».
Cela étant, pourquoi, puisque si je recherche la liberté ce n’est que dans mon intérêt, pourquoi, dis-je, ne pas me regarder comme le commencement, le milieu et la fin ? Est-ce que je ne vaux pas plus que la liberté ? N’est-ce pas moi qui me fais libre et ne suis-je donc pas le premier ? Même esclave, même couvert de mille chaînes, j’existe ; je ne suis pas, comme la liberté, quelque chose à venir qu’on espère, je suis — actuel.
Pensez-y mûrement et décidez si vous inscrirez sur votre bannière la « Liberté », ce rêve, ou l’ « Égoïsme », l’« Individualisme », cette résolution. La liberté attise vos colères contre tout ce qui n’est pas vous ; l’égoïsme vous appelle à la jouissance de vous-même, à la joie d’être ; la liberté est et demeure une aspiration, une élégie romantique, un espoir chrétien d’avenir et d’au-delà ; l’individualité est une réalité, qui d’elle-même supprime toute entrave à la liberté, pour autant qu’elle vous gêne et vous barre la route. Vous ne tenez pas à être délivré de ce qui ne vous fait aucun tort, et si quelque chose commence à vous gêner, sachez que « c’est vous qu’il faut écouter, plutôt que les hommes ».