Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/310

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dans tout État, absolu, républicain ou « libre », il y aura toujours un gouvernement au-dessus de Moi, et je ne me trouverai pas mieux de l’un que de l’autre.

La République n’est qu’une — monarchie absolue, car peu importe que le souverain s’appelle Prince ou peuple : l’un et l’autre sont une « Majesté ».

Le régime constitutionnel démontre précisément que personne ne veut et ne peut se résigner à n’être qu’un instrument. Les ministres dominent leur maître, le Prince, et les députés dominent leur maître, le Peuple. Le Prince doit se conformer à la volonté des ministres et le Peuple doit se laisser mener par le bout du nez où il plaît aux Chambres de le conduire. Le constitutionnalisme va plus loin que la république, attendu que l’État y est conçu comme en dissolution.

Edgar Bauer nie (p. 56) que dans l’État constitutionnel le Peuple était une « personnalité ». — Et dans la République ? Dans l’État constitutionnel, le Peuple est un — parti, et un parti est bien une « personne », s’il vous plaît de parler d’une personne morale ou « politique » (p. 76). Le fait est qu’une personne morale, qu’on la baptise parti populaire, Peuple ou encore « le Seigneur », n’est nullement une personne, mais un fantôme.

Plus loin, Edgar Bauer ajoute (p. 60) : « La tutelle est la caractéristique de tout gouvernement ». En vérité, elle est plus encore celle d’un Peuple et d’un « État démocratique » ; elle est le caractère essentiel de toute — archie. Un État démocratique qui « résume en lui toute puissance », qui est « maître absolu », ne peut pas me laisser devenir majeur et user de mes forces. Et quel enfantillage de ne plus vouloir donner aux fonctionnaires élus par le peuple le nom de « serviteurs » et d’ « instruments », sous prétexte qu’ils sont « les exécuteurs de la volonté libre et raisonnable que le Peuple exprime dans ses lois » (p. 73) !

« Il ne peut être mis d’unité dans l’État, dit-il encore (p. 74), qu’en subordonnant toutes les administrations