personnelle. Peut-on dire que la concurrence est « libre », quand l’État, que le principe de la bourgeoisie fait souverain, s’ingénie à la restreindre de mille façons ?
« Voici un riche fabricant qui fait de brillantes affaires, et je voudrais lui faire la concurrence.
— Fais, dit l’État, je ne vois, pour ma part, rien qui s’oppose à ce que tu le fasses.
— Oui, mais il me faudrait de la place pour mon installation, il me faudrait de l’argent !
— C’est regrettable, mais si tu n’as pas d’argent, tu ne peux pas songer à concourir. Et il ne s’agit pas que tu prennes rien à personne, car je protège la propriété et ses privilèges. »
La libre concurrence n’est pas « libre », parce que les moyens de concourir, les choses nécessaires à la concurrence me font défaut. Contre ma personne, on n’a rien à objecter ; mais comme je n’ai pas la chose, il faut que ma personne renonce. Et qui est en possession des moyens, qui a ces choses nécessaires ? Est-ce peut-être tel ou tel fabricant ? Non, car dans ce cas je pourrais les lui prendre ! Le seul propriétaire, c’est l’État ; le fabricant n’est pas propriétaire ; ce qu’il possède, il ne l’a qu’à titre de concession, de dépôt.
« Allons, soit ! Si je ne puis rien contre le fabricant, je m’en vais faire concurrence à ce professeur de droit ; c’est un sot et j’en sais cent fois plus que lui : je ferai déserter son auditoire.
— As-tu fait des études, mon ami, et es-tu reçu docteur ?
— Non, mais à quoi bon ? Je possède largement les connaissances nécessaires à cet enseignement.
— J’en suis fâché, mais ici la concurrence n’est pas « libre ». Contre ta personne, il n’y a rien à dire, mais la chose essentielle te manque : le diplôme de docteur. Et ce diplôme, moi, l’État, je