Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/361

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L’Unique saura bien s’élever dans la Société par son travail, mais la Société ne peut pas lever l’Unique.

Il est, par conséquent, toujours à souhaiter que nous nous unissions pour les travaux humains, afin qu’ils n’absorbent plus tout notre temps et tous nos efforts comme ils le faisaient sous le régime de la concurrence. À ce point de vue, le Communisme est appelé à porter des fruits. Ce dont tout le monde est capable ou peut devenir capable était, avant l’avènement de la Bourgeoisie, au pouvoir de quelques-uns et refusé à tous les autres : c’était le temps du Privilège. La Bourgeoisie trouva juste de permettre à tous l’accès de ce qui paraissait convenir à quiconque est « homme ». Toutefois, ce qu’elle permettait à tous, elle ne le donnait réellement à personne : elle laissait seulement chacun libre de s’en emparer par ses efforts « humains ». Tous les yeux se dirigèrent vers ces biens humains, qui dès lors souriaient à tous les passants, et il en résulta cette tendance que l’on entend à chaque instant déplorer sous le nom de « matérialisme des mœurs ».

Le Communisme essaie d’y mettre un frein en répandant la croyance que les biens humains n’exigent pas que l’on se donne tant de peine pour eux, et qu’on peut, par une organisation judicieuse, se les procurer sans la grande dépense de temps et d’énergie qui a paru nécessaire jusqu’à présent.

Mais pour qui faut-il gagner du temps ? Pourquoi l’homme a-t-il besoin de plus de temps qu’il n’en faut pour ranimer ses forces puises par le travail ? Ici, le Communisme se tait.

Pourquoi ? Eh bien ! pour jouir de soi-même comme Unique, après avoir fait sa part comme homme !

Dans la première joie de se voir autorisé à allonger la main vers tout ce qui est humain, on ne songea plus à désirer autre chose, et on se lança par les chemins de la concurrence à la poursuite de cet humain,