Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/428

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la paix éternelle, l’extinction de l’égoïsme, etc.

« Rien dans ce monde n’est parfait ! » — Sur cette triste parole, les bons s’en détournent et se réfugient près de Dieu dans leur oratoire, ou dans l’orgueilleux sanctuaire de leur « conscience ». Mais nous, nous demeurons dans ce monde « imparfait » : tel qu’il est, nous savons le faire servir à notre jouissance.

Mes relations avec le monde consistent en ce que je jouis de lui et l’emploie à ma jouissance. Relations équivaut à jouissance du monde, et cela rentre dans ma — jouissance de Moi.


3. — MA JOUISSANCE DE MOI


Nous sommes au tournant d’une époque. Le monde n’a jusqu’à présent songé qu’à conquérir la vie, son unique souci a été de — vivre. Que toute activité tende vers les choses d’ici-bas ou vers l’au-delà, vers la vie temporelle ou vers l’éternelle, qu’on aspire au « pain quotidien » (« donnez-nous notre pain quotidien ») ou au « pain sacré » (« le véritable pain du Ciel », « le pain de Dieu qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde », « le pain de vie », Jean, VI, 32, 33, 48), que l’on se préoccupe de la « chère vie » ou de la « vie éternelle », le but de tout effort, l’objet de toute sollicitude ne change pas : dans l’un comme dans l’autre cas. ce qu’on cherche est, toujours la vie. Les tendances modernes témoignent-elles d’un autre souci ? On veut que les besoins de la vie ne soient plus un tourment pour personne, et l’on enseigne d’ailleurs que l’homme doit s’occuper de ce monde-ci et vivre sa vie réelle sans vain souci de l’au-delà.

Reprenons la question à un autre point de vue. Celui dont l’unique souci est de vivre ne peut guère