Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/114

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spontanéité, de détermination personnelle. Ce n’est pourtant pas là-dedans qu’il faut la chercher, tout au contraire, c’est malgré sa morale mongolique que l’homme caucasique manifeste sa spontanéité. Le ciel mongolique, autrement dit les mœurs, est demeuré la solide forteresse et c’est seulement parce que l’homme caucasique s’est rué sans relâche à l’assaut de cette forteresse qu’il s’est montré moral. S’il n’avait plus rien eu à faire avec les mœurs, s’il n’avait pas eu là un ennemi perpétuel, inexpugnable, les rapports avec les mœurs eussent cessé et par conséquent la morale. Si son activité personnelle est encore une activité morale, c’est précisément par l’élément mongolique qu’elle contient, c’est une preuve qu’il n’est pas encore arrivé à se trouver soi-même. L’ « activité personnelle morale » correspond absolument à la « philosophie religieuse et orthodoxe » à la « monarchie constitutionnelle », à « l’État chrétien », à « la liberté dans de certaines limites », à « la liberté restreinte de la presse » ou, pour faire une figure, au héros enchaîné sur son grabat de malade.

L’homme ne triomphe du Schamanisme[1] et de ses fantômes que lorsqu’il possède la force d’écarter non seulement la croyance aux fantômes, aux esprits, mais encore la croyance à l’esprit.

Celui qui croit aux spectres n’admet pas plus la venue d’un monde supérieur que celui qui croit à l’esprit, et tous deux cherchent derrière le monde sensible, un monde suprasensible, bref ils créent un autre monde auquel ils ont foi, et cet autre monde né de leur esprit est un monde spirituel : leurs sens ne saisissent et ne savent absolument rien d’un monde autre, hors

  1. Schamanisme : culte fétichiste des peuplades Samoyèdes.