Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/120

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toutes les intentions de devenir bon, noble, aimable, etc.

Dans son sixième recueil de Remarques, page 7, Bruno Bauer dit : « La classe des citoyens qui aura pour les histoires futures une si terrible importance, n’est capable d’aucun acte de sacrifice, d’aucun enthousiasme pour une idée, d’aucune sublimité : elle ne se dépense qu’aux intérêts de sa moyenne, c’est-à-dire qu’elle demeure toujours limitée à elle-même et ne vainc finalement qu’en raison de sa masse, qui lui a permis de fatiguer les efforts de la passion, de l’enthousiasme et de la logique, en raison de son étendue en laquelle elle absorbe une partie des idées nouvelles. » Et page 6 : « Ces idées révolutionnaires pour lesquelles non pas elle mais des hommes désintéressés ou passionnés se sont sacrifiés, elle les a laissé croître à son profit, elle a transmué l’esprit en argent ; il est vrai qu’au préalable, elle a enlevé à ces idées leur pointe, leur conséquence, leur gravité destructrice, fanatique contre tout égoïsme. » Ainsi ces gens n’ont pas l’esprit de sacrifice, ils ne sont pas enflammés, idéalistes, logiques, enthousiastes ; ils ont, ainsi qu’on le comprend habituellement, égoïstes, intéressés, soucieux de leur propre avantage, de sang-froid, calculateurs, etc.

Qui donc alors a l’esprit de sacrifice ? Au sens absolu, celui qui, à une chose, à un but, à une passion, etc. subordonne tout le reste. L’homme qui aime et qui quitte père et mère, qui affronte tous les dangers, toutes les privations pour atteindre son but, n’a-t-il pas l’esprit de sacrifice ? ou encore l’ambitieux qui rapporte tous ses désirs, tous ses vœux et leur satisfaction à sa seule passion, ou l’avare qui renonce à tout pour amasser des trésors, ou l’homme de plaisirs, etc. ? Une seule passion le domine à laquelle il sacrifie toutes les autres.