Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/205

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l’Homme il y a le Non-Homme, l’individu, l’égoïste. L’État, la Société, l’Humanité ne peuvent dompter ce Diable.

Le libéralisme humain poursuit la tâche de montrer aux autres libéraux qu’ils ne sont pas arrivés encore à vouloir la liberté.

Si les autres libéraux n’avaient devant les yeux qu’un côté très restreint de l’égoïsme et étaient aveugles pour le reste, le libéralisme radical a contre soi l’égoïsme « en masse », et rejette dans « la masse » tous ceux qui ne font pas comme lui de la cause de la liberté leur cause propre, et désormais l’homme et le non-homme sévèrement séparés sont ennemis irréductibles : ainsi d’une part « la masse », de l’autre « la critique » ; ainsi la « critique libre, humaine[1] », opposée à la critique grossière (par exemple la critique religieuse).

La critique exprime l’espoir qu’elle triomphera de toute la masse et lui délivrera un « certificat général d’indigence[2]. » Elle veut avoir raison, en fin de compte, et représenter tout conflit entre « lâches et pusillanimes » comme une ergoterie égoïste, comme chose petite et misérable. Toute discorde perd de son importance, tous les petits différends disparaissent, parce que, dans la critique, un ennemi commun entre en lice. « Vous êtes tous égoïstes, l’un ne vaut pas mieux que l’autre ! » Maintenant les égoïstes se tiennent unis contre la critique.

Vraiment les égoïstes ? Non, s’ils combattent contre la critique, c’est précisément parce que celle-ci est cause de l’égoïsme ; ils ne font pas l’aveu de leur

  1. Judenfrage 6.114.
  2. Lit. Ztg. V.