Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tien vit par la grâce de Dieu et se soumet à lui. Un homme pris comme juif ou comme chrétien, voit satisfaits seulement certains de ses besoins, non lui-même ; c’est un demi-égoïsme, parce que c’est l’égoïsme d’un demi-homme, qui est moitié lui-même et moitié juif ou moitié son propre maître et moitié esclave. C’est pourquoi le juif et le chrétien s’excluent toujours à moitié, c’est-à-dire qu’il se reconnaissent comme hommes et s’excluent comme esclaves, parce qu’ils servent deux maîtres différents. S’ils pouvaient être absolument égoïstes, ils s’excluraient entièrement et seraient d’autant plus unis. Leur faute n’est pas de s’exclure mais de ne le faire qu’à moitié. Au contraire, Bruno Bauer pense que juifs et chrétiens ne pourront se considérer et se traiter réciproquement comme des hommes que lorsqu’ils renonceront à l’être particulier que les sépare et les oblige à une séparation éternelle, qu’ils reconnaîtront l’essence générale de « l’homme » et la considéreront comme « leur être vrai » .

D’après lui, la faute des juifs et des chrétiens c’est qu’ils veulent être et avoir quelque chose « d’à part » au lieu d’être hommes et de lutter pour atteindre l’humain, « les droits de l’homme ». Il pense que leur erreur fondamentale consiste dans la foi qu’ils ont d’être « privilégiés », de posséder des « privilèges », dans la foi au privilège. Il leur présente en revanche les droits de l’homme communs à tous. Les Droits de l’homme !

L’homme est l’homme au sens général du mot, et en tant que chacun soit homme. Désormais chacun doit avoir les éternel droits de l’homme, et dans la « démocratie » parfaite — ou plus exactement dans l’anthropocratie — il doit en jouir suivant la concep-